Porter les fardeaux les uns des autres…

 

1 Pi 5,1-4 « J’encourage donc les anciens qui sont parmi vous, […] : 2 faites paître le troupeau de Dieu qui est chez vous ; veillez sur lui, non pas par contrainte, mais volontairement, selon Dieu ; non pas pour des gains honteux, mais avec ardeur ; 3 non pas en dominant comme des seigneurs sur ceux qui vous ont été confiés, mais en étant des modèles pour le troupeau. »

Ga 6,2 : « Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi du Christ. »

 

Ce temps de confinement est un temps de défi pour l'Eglise, et pour ses responsables. Comment assurer la continuité de l'activité de l'Eglise, et préserver les liens fraternels essentiels à notre croissance comme "corps de Christ" ? Nous percevons dans ce domaine la bénédiction que constituent les nouvelles technologies qui permettent de pallier, en partie, à l'absence de rencontre physique. Nous expérimentons également l'importance et le privilège de pouvoir prier, faisant monter vers le Seigneur notre reconnaissance et notre intercession pour le monde, les autorités, nos frères et sœurs de l'église.

La prière est l'une des façons de "porter les fardeaux les uns des autres", de manifester concrètement notre solidarité en Christ. Mais nous savons par ailleurs que, comme le dit si bien la fameuse formule, "prier, c'est joindre les mains sans croiser les bras". La prière accompagne notre vie d'église et les relations qui s'y tissent. Comment porter les fardeaux les uns des autres dans le contexte actuel ? Comment les anciens peuvent-ils veiller sur le troupeau ?

Comment porter les fardeaux les uns des autres ? En sachant les déposer

Il n'y a pas de solution facile, pas de recette "toute faite". Il ne s'agit certainement pas pour chacun de nous de porter, en plus de nos difficultés, toutes celles des autres. Ce serait une illusion de toute-puissance, un héroïsme bien étranger à l'esprit de l'Evangile, et conduirait au risque de nous voir nous-mêmes nous écrouler.

Il ne s'agit pas non plus de "faire porter" nos fardeaux aux autres, aux anciens et responsables. L'Ecriture, et l'Evangile que l'Ecriture nous révèle, nous montre que le secours vient toujours du Seigneur lui-même. C'est à lui que nous "déposons nos fardeaux" (1 Pi 5,7). La dimension collective de l’Église doit d’abord permettre de Lui déposer les fardeaux, car le secours vient de Lui.

C'est de la compassion du Seigneur, exprimée de façon la plus manifeste à la croix, que nous recevons le réconfort. Lui qui a porté nos péchés comme nos souffrances est le seul qui, par son Esprit, peut nous secourir dans nos faiblesses. Et pourtant, l'Eglise voulue et instituée par le Seigneur est le lieu de cette solidarité en Christ. Et, par son Esprit, nous pouvons être, modestement, les uns pour les autres des « signes » et des instruments de la grâce que Dieu veut faire à chacun selon ses besoins.

 

Commençons par reconnaître notre incapacité à porter les fardeaux, pour les remettre au Seigneur

 

Comment porter les fardeaux des uns des autres ? En étant humblement attentifs

Il n'y a pas de réponse facile, disions-nous, et il nous faut être conscient des fardeaux spécifiquement liés au confinement, ou alourdis par le confinement. En effet, parmi les fardeaux divers que portent nos frères et sœurs, nous ne pouvons oublier ceux pour qui le confinement est une épreuve particulièrement pénible, et même parfois dangereuse.

  • Une famille confinée en appartement avec des enfants en bas âge vivra de façon très concrète l'épreuve de la patience avec l'attention permanente que requièrent des petits qui auraient besoin de dépenser leur énergie. Les relations de voisinage, dans les immeubles, peuvent se tendre en raison du bruit. Le fardeau est plus lourd encore dans les familles monoparentales, et nous pensons aux mères qui élèvent seules leurs enfants. Comment, sans être intrusif, les encourager, être pour elles une ressource bienfaisante dans ce défi quotidien ?
  • Les personnes vivant seules peuvent éprouver de manière plus intense la solitude et l'absence des liens directs que permettent l'activité professionnelle, les liens amicaux ou familiaux. Certains vivent la maladie dans cette solitude (je pense aux pensionnaires des EHPAD), dont certains mourront loin de leur famille. Comment, en toute simplicité, pouvons-nous être des signes et des expressions concrètes de la présence du Seigneur ?
  • Nos frères et sœurs souffrant de maladies qui affectent fortement leurs émotions, leur équilibre psychologique, peuvent vivre difficilement cette période saturée d'informations anxiogènes. Comment être pour elles l'expression du réconfort que notre Seigneur veut leur apporter ?
  • Je pense enfin aux familles et aux couples où sévissent des violences domestiques, physiques et/ou psychologiques. Les médias nous alertent sur les risques supplémentaires liés au confinement, et ne croyons pas que l'Eglise échappe à ce fléau. Quand le conjoint ou parent violent est présent, la menace est permanente, il n'y a pas les temps de "répit" que peuvent offrir le temps scolaire ou l'activité professionnelle. Comment pouvons-nous, avec discernement et pudeur, repérer les situations difficiles (au-delà de celles que nous connaissons et accompagnons déjà) et favoriser la protection du conjoint ou des enfants en danger ? Soyons modeste en la matière, et sachons orienter les victimes vers les personnes ressources, formées et informées (n° d’écoute, d’information et d’orientation).
  • Nous ne pouvons mentionner toutes les situations, mais nous pensons bien sûr aux familles en deuil, empêchées par la maladie d’organiser des funérailles et d’expérimenter le soutien direct de l’assemblée réunie. Il y a tant d’autres situations encore que je ne connais pas, que je n’imagine peut-être pas, mais auxquelles cette période de nécessaire « attention à l’autre » peut me rendre sensible.

 

Restons attentifs aux situations particulières, soyons des encouragements les uns pour les autres, en parole et en acte

 

Prier … pour bien agir

Notre prière est que le Seigneur nous rende créatifs, imaginatifs pour savoir comment, dans ce contexte inédit, et avec l'assistance de son Esprit Saint, nous pouvons "porter les fardeaux les uns des autres".

Nous intercédons pour que, dans nos charges de responsables d'Eglise, nous sachions comment veiller sur le troupeau avec douceur, bienveillance, tact et intelligence.

Bref, nous prions pour mieux savoir déposer personnellement et collectivement ces fardeaux spécifiques au Seigneur, et pour mieux nous rendre disponible à être de modestes canaux de l’inlassable sollicitude de notre Seigneur Jésus-Christ.

 

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